Ce week-end j’ai fait route vers Sedan dans les Ardennes, l’occasion pour moi de photographier cette ville qui ne se laisse pas facilement aimer.
On associe volontiers aux Ardennes, le boudin de Rethel, Nacash qui chante “ A Charleville Mézière, y a pas beaucoup de soleil” , les sangliers, la rase campagne pluvieuse, le déclin industriel et la poèsie du couple infernal Verlaine-Rimbaud (pour finir sur une note plus positive).
Pourtant, ce sont ceux qui ne vont jamais dans les Ardennes qui en parlent le moins bien. Et pour m’y rendre tous les ans pour m’y balader et faire la fête, je peux vous dire que la réalité est loin de celle que vous imaginez.

Sedan en quelques mots
Sedan a connu des heures fastueuses à l’époque de Louis XIV et de Colbert puisque la ville était une des manufactures royales les plus florissantes du royaume et ce, jusqu’en 1870. Sedan était le berceau des drapiers dont l’activité consistait à tisser et peigner des draps de laine. La ville a ensuite connu l’essor industriel des forges et du textile. Puis le choc pétrolier est venu effilocher son tissu économique à coups de crises successives. Aujourd’hui Sedan est une belle résignée, en souffrance économique et sociale.

Sedan en photos
La ville aime le mélange des styles. La vue au premier coup d’oeil n’est pas très flatteuse parce que certains bâtiments construits à la hâte après la guerre défigurent un peu le paysage. L’architecture de son passé prestigieux n’a pas été entretenue faute de moyens. Toutefois, la ville procède actuellement à une réhabilitation lente de son centre ville. Malgré cela, Sedan reste photogénique et les amateurs de “faded beauties” y trouveront leur bonheur.

Mon inspiration
J’ai profité de quelques heures pour shooter la ville en plein soleil. Pas question de vue touristiques : le fort de Sedan est resté bien sagement sur son rempart. J’ai plutôt cherché à aborder la ville dans ses trésors cachés, avec un travail autour du détail. J’ai voulu photographier des cohérences visuelles : le charme de la pierre jaune – le minimalisme du moderne – pour qu’un Sedanais découvre sa ville avec un autre regard. Le travail a été mené sous forme de mini-series.
Les séries
Cités radieuses

4 bâtiments pris aux quatre coins de la ville. Compositions en Z et cadrage en coin sous un ciel uniforme. La cohérence des teintes des bâtiments et du ciel étaient une condition à cette série. Présentée au défi 52 ALJ sur la mini-série
Usure du temps
Quelques devantures patchwork dans le centre ville. C’est inhabituel de voir un centre ville en plus mauvais état que sa zone péri-urbaine.

4 bâtiments pris aux quatre coins de la ville. Compositions en Z et cadrage en coin sous un ciel uniforme. La cohérence des teintes des bâtiments et du ciel étaient une condition à cette série. Présentée au défi 52 ALJ sur la mini-série

Dans l’intimité des maisons sedanaises
Par les fortes chaleurs, les habitants ouvrent les portes de leur maison et immeuble pour les rafraîchir avec l’air du matin. Je suis rentrée dans certaines maisons pour capturer ces aplats de couleurs. J’ai adoré ce charme coloré vintage.

Pierres et splendeurs passées Vues sur de vieilles maisons de drapier du centre ville. Elles sont en mauvais état mais on arrive à deviner la richesse de Sedan. Il reste de très belles bâtisses.

Le long de la Meuse
Le lendemain, j’ai profité de Sedan côté campagne. J’ai fait une balade de 30km à vélo sur la voie verte ardenaise. La voie verte a été aménagée le long de la Meuse sur une centaine de kilomètres. On croise le dimanche des piétons, des cyclistes, des coureurs, des skaters….Le chemin est plat et des plus agréables, ponctué de coins ombragés.

Conclusion
Un week-end photographique riche qui m’a poussée à bosser un peu plus en série et à penser à une collection. J’ai pris beaucoup de plaisir à photographier Sedan et à montrer mes photos à mes amis. J’ai voulu me distancer du misérabilisme et jouer sur les couleurs et les harmonies pour donner une image agréable de leur ville.
Mon but était atteint : certains ont cherché dans leur mémoire où j’avais pu prendre la photo. Tout le monde en a convenu : Sedan a de jolis points de vue. Il faut juste bien regarder.Un seul regret : celui de ne pas avoir pu prendre plus de gens. J’ai shooté à midi et les rues étaient désertes.
Quelques personnes se sont arrêtées pour discuter et se sont étonnées de me voir m’intéresser à leur ville.

Pour les amateurs de musique qui passent par cette page : Charleville Mézière programme un festival incontournable tous les ans à cette période : le Cabaret Vert et je vous mets la programmation ici .
Et enfin, une dernière explication à la photo de couverture : la fierté de Sedan vient de son club de foot. Les messages sur le mur sont probablement footbalistiques.Voilà, la visite s’achève ici. J’espère que vous apprécierez la ville autant que moi j’ai aimé la photographier.
Sedan, j’y suis né mais je n’y ai jamais habité.
C’est une ville qui m’est aussi intime qu’étrangère.
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Alors Sedan pourrait être pour toi un super sujet photographique à creuser. Ds cette contradiction mêlant l’intime et le sentiment d’y être un étranger.
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Certes, mais je m’y suis tellement éloigné qu’il ne serait pas raisonnable de faire une douzaine d’heures de route (aller-et-retour) pour quelques photos. 😉
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J’ai adoré cette balade à Sedan avec toi, tes textes, et bien évidemment, tes photos !
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Merci Evelyne 🙏🏻 Ravie de faire voyager un peu mes lecteurs !
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