Ce billet promet d’être long ! Je vais vous parler d’une collab avec 4 photographes, 3 rues arpentées et pour corser le tout : un shooting en argentique. C’était l’aventure de dimanche dernier et quel régal !
Le projet Monopoly s’appuie sur une collaboration avec 4 autres photographes amateur : Cathy, Chantal, Patricia et Pascal. J’ai déjà écrit plusieurs billets à ce sujet. Si jusques là j’ai shooté les lieux en solitaire, j’ai pris l’habitude de poster mes photos sur un groupe privé Facebook, prévu pour le partage avec cette petite communauté.

La semaine dernière nous avons décidé de profiter de la transhumance estivale pour shooter ensemble. C’était l’occasion pour moi de rencontrer cette équipe joyeuse pour la première fois. 2019 est définitivement l’année des rencontres !
Nous avions choisi de parcourir l’Avenue de la République, Boulevard de Belleville et Boulevard de la Villette, un choix stratégique puisque ces rues se trouvent presque en enfilade. Pour apporter un peu de piment à l’exercice, les nostalgiques de l’analogique dont je fais partie ont décidé de ressortir leurs vieux appareils argentiques et leur Kodak jetable. Chantal et Patricia ont choisi de rester au numérique.
Donc dimanche matin, nous nous sommes donnés rendez-vous à 9H00 sur la place de la République et avons arpenté les 3 rues pour finir à midi à la terrasse d’une crêperie.
La finalité de ce projet serait d’exposer le fruit de notre travail. Nous en sommes encore au début de l’aventure et déjà plusieurs questions ont été soulevées. Doit-on suivre un thème, une démarche particulière ? Faut il une seule photo par rue ?
J’ai longtemps écrit en suivant la méthode oulipienne et pour ma part, j’apprécie de travailler avec ces contraintes artistiques car elles stimulent la créativité. Quelles parts donner aux intentions descriptives et aux intentions plus conceptuelles ou artistiques ?
Pour l’instant, nous acceptons l’idée de tâtonner et n’avons pas encore répondu à ces questions. Nous avons décidé de laisser libre cours à notre inspiration et de voir ultérieurement si un angle pouvait émerger de notre production. Ce jour là, chacun a shooté selon sa propre sensibilité.
Comme le veut la tradition, je laisse une tribune à mes co-équipiers où chacun présente ses photos. Exceptionnellement, j’ai fait la sélection des photos de Chantal et Patricia. C’est un exercice difficile. Il me semble donc important d’expliquer le choix de leur photo.
L’oeil de Cathy
Je ne vous présente plus Cathy que vous connaissez à travers différentes collabs. Cathy a choisi d’utiliser un Kodak jetable dont le rendu m’a agréablement surprise. On retrouve bien son univers graphique et coloré.
Voici sa tribune :
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« Une contrainte s’est imposée à moi pour cette chouette sortie : je n’avais pas d’appareil. J’avais donc le choix entre un pola (mais je ne voulais pas me faire remarquer) et un jetable. J’ai opté pour le jetable. Je trouvais originale et je voulais voir ce que ça pouvait donner. J’avais donc 39 poses.
J’étais partie avec l’idée que je prendrai en photo des scènes de vie. Et même si c’était un défi « Monopoly » je ne chercherais pas à me coller aux consignes du défi. Mes photos ne permettraient pas forcément de reconnaître un quartier mais on pouvait deviner une atmosphère.
Je suis plutôt contente : les photos parlent bien des ambiances colorées mais plutôt calme d’un dimanche matin au mois d’août. C’était une belle sortie. Peu de monde, météo clémente et une bonne matinée rigolade.
Quant aux photos, je suis agréablement surprise. Les couleurs sont peu dénaturées et j’ai bien le rendu argentique attendu. Je n’échangerais pas mes appareils contre un jetable mais j’ai aimé l’expérience.
Vivement la prochaine sortie Monopoly ! »

Façon Vivian Maier
L’oeil de Chantal
Chantal a une photographie délicate et très maîtrisée. Chaque détail compte et c’est souvent celui-ci qui fait la différence. J’ai choisi de composer sa série en sélectionnant des photos qui jouent avec ces détails qu’ils soient coloriels comme sur la première photo ou qu’ils soient graphiques comme sur la 3ème et 5ème photo. J’aime d’ailleurs beaucoup le contraste entre l’inscription « Bleu ciel »et l’arrière plan rouge du magasin et des passants.
J’ai également sélectionné des scènes urbaines qui témoignent de l’atmosphère ainsi qu’une vue globale de la ville. La série couvre à la fois des aspects descriptifs et plus sensibles autour de la vie de la rue.
Voici sa tribune :
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» Je pratique la photo depuis 35 ans j’ai donc commencé en argentique. J’ai eu quelques interruptions notamment dues à ma vie de famille avec de jeunes enfants.
Pour ce qui est de notre sortie j’étais ravie de participer à cette sortie et notamment de faire la connaissance d’Escampette.
Pour mon intention photographique : je savais déjà en partant que je ne photographierai pas de la même manière que d’habitude car habituellement je sors le plus souvent seule pour faire des photos et je suis dans « ma bulle » et très concentrée, ce qui n’est pas le cas en groupe. J »ai tendance à me disperser, rigoler, écouter et partager avec le reste du groupe, du coup mon sens de l’observation est complètement différent et le résultat des photos assez aléatoire!
J’espère cependant avoir pu contribuer par certaines photos à l’avancée de notre défi « Monopoly ». En tous les cas j’ai passé un très bon moment convivialité et de partage. »

L’oeil de Patricia
Patricia a eu une approche un peu différente de celle du groupe puisqu’elle s’est concentrée sur les interactions humaines avec la ville. Elle y montre la vie sociale, la diversité et le mouvement : la ville comme un espace vivant sans cesse renouvelé. On y voit les vendeurs à la sauvette, les habitués des cafés, les passants aux tenues colorées, la richesse de la diversité ethnique au pieds des métros… Ses cadrages sont assez serrés et font la lumière sur l’être humain comme sujet principal de ses photos.
Voici sa tribune :
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« Je suis la plus âgée du groupe. De près ou de loin, j’ai toujours aimé « la photo », mais sans faire autre chose que des photos… Je n’avais pas d’autre objectif que de prendre une photo « souvenir » cadrée et agréable à regarder. Mes sujets d’alors étaient les voyages, les vacances et mes enfants.
En 2014, je me suis offert mon premier (et seul) appareil photo… un hybride Lumix GX7 qui m’a plu par son look vintage, sa légèreté et sa discrétion…! Mais, grands moments de solitude… le mode d’emploi était comme du chinois…Je n’ai utilisé que le mode « Automatique » jusqu’à …la magie d’internet ! Une ouverture sur le monde qui m’a permise de retrouver un ami photographe perdu de vue depuis trop longtemps… Il anime des formations dans un club photos et je m’y suis inscrite.
Tout mis bout à bout, et au fil de mes pérégrinations virtuelles, je rencontre un groupe FB de « pratiquant(e)s » qui, à force de défis, ouvre et repousse sans fin mes horizons…
Et qui m’amène à vous…à nous
J’étais très impatiente de participer à notre première sortie Monopoly, déjà pour revoir Chantal, Cathy et Pascal et rencontrer enfin Emmanuelle… Je connais et admire le travail de mes camarades… et je mesure le chemin que je dois accomplir, c’est motivant !
En ce dimanche matin d’août, c’est parti pour la découverte d’un quartier que je connais pas ou peu…Plus je pratique la photo de rue, plus j’aime ça… En principe, j’aime mieux le noir et blanc, mais je suis restée en couleur pour cette sortie afin de coller davantage à l’ambiance du quartier.
J’ai cherché à intégrer des personnages dans mes compos pour animer mes photos et témoigner de la vie des rues sans perdre le repérage du Monopoly. Au visionnage, je suis contente de mes photos, je me suis attachée à ne pas « copier » mes camarades même si inévitablement, sur le même chemin, on a souvent été attiré(e)s par les mêmes choses…Au final, je suis très heureuse de notre temps passé ensemble.
Vivement la prochaine sortie !!! «

L’oeil de Pascal
Pascal est un routard de la street-photo. Je le connais surtout dans ce domaine, ayant eu peu l’occasion de voir ses autres travaux. Ce qui transparaît dans son travail, c’est la recherche de la ville dans son expression graphique. les lignes, les contrastes de tonalité, lumière et ombres qui redessinent le paysage … Il y a peu de lignes floues,je dirais que ses cadrages sont francs. Chez Pascal, la technique photographique est particulièrement maîtrisée et réfléchie et se met au service d’une esthétique urbaine moderne et dynamique.
Voici sa tribune :
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» J’ai débuté et appris les rudiments de la photographie avec mon premier reflex en 1979. Progressivement moins assidu au fil des ans, c’est avec un compact que j’ai abordé tranquillement le numérique en 2002, avant de me remettre passionnément à la photo en 2009.
Seul ou en club j’ai à peu près touché à tous les sujets possibles. Depuis quelques années j’ai recentré ma pratique sur quasi exclusivement les domaines qui me plaisent vraiment (Voyages, street photo, ou plus largement ce qu’on pourrait appeler la photo de reportage)
Cette idée de photographier les « cases du Monopoly » est venue d’un défi dans un livre sur la street photo, et celle de le faire collectivement avec un petit groupe sympa est vite devenu une importante source de motivation.
Pour cette première sortie tous ensemble, j’ai pris l’option d’ajouter un gros grain de sel, en ressortant mon premier appareil photo, un Nikon FM de 40 ans avec un objectif 50mm. Après vingt ans de sommeil, il n’avait servi que pour une pellicule test l’année dernière. Le challenge technique était donc conséquent : Appareil sans aucun automatisme, pellicule 36 poses, et focale relativement « longue » par rapport à mes 28 ou 35mm que j’utilise couramment en numérique.
J’ai retrouvé les agréables mais angoissantes sensations de ne pas pouvoir vérifier de suite si mes photos étaient réussies, ainsi que l’impératif de déclencher avec parcimonie et réflexion.
Au final, je n’ai pas eu comme je m’y attendais de photos exceptionnelles, mais pas de résultats catastrophiques non plus. La sortie en groupe fut des plus agréables, c’est le principal, et nul doute qu’elle en appellera de prochaines, aussi bien en argentique qu’en numérique. »

L’oeil d’Escampette
Pour cette sortie, mon argentique – un Canon AE1 – a repris du service. Je ne l’avais pas repris en main depuis ma déception de Port Louis à l’Ile Maurice. Ici, l’enjeu était moindre. Qu’avais-je à perdre si ce n’est que d’être obligée de revenir sur les lieux ?
J’ai démarré cette session sans idée préconçue. J’ai cherché à tirer parti de chaque rue en me laissant porter par ce que je voyais. J’ai voulu retranscrire l’atmosphère des rues : l’ambiance plus intimiste des dimanches matin en août, Quand la situation me le permettait, j’ai cherché des situations contrastées comme celles de la rue de Courcelles.
Je suis partie avec une pellicule déjà entamée en noir et blanc : une Cinestill à 250 iso. Il se trouve que j’ai accidentellement mal réglé ma molette sur 400 ISO. Ma pellicule a été sous exposée à un stop et le labo de développement a pu rattraper l’erreur. Le rendu est un peu contrasté mais sans être dérangeant. J’avais également une Pro 400H en couleur à 400iso.
La contrainte de l’argentique a fait que j’ai pris beaucoup de temps à faire mes réglages et je regrette un peu de n’avoir pas su saisir d’avantage la vie de la rue. Mes sujets sont pris de plus loin que d’habitude. J’avoue qu’un numérique permet de shooter plus rapidement et donc d’être plus discret. Avec l’argentique, il est impossible de quitter les lieux rapidement.
Je suis malgré tout contente de mes photos. A la réception de mes scans, j’ai eu de bonnes surprises et il n’ y a eu aucune catastrophe ou de photo vraiment ratée. J’aime beaucoup le rendu et le contraste des couleurs.
La rencontre avec le groupe m’a remotivée dans ce projet car j’avoue que j’avais laissé le Monopoly en jachère depuis quelques temps. Même si, comme Chantal, mes sens n’étaient pas tout à fait à l’affût, je me suis sentie en confiance pour shooter dans les rues.
Bilan
Je pense que chacun d’entre nous a pris plaisir à ce shooting. Pour ma part, j’ai fait une liste de réflexions nécessaires à mener pour la poursuite de ce projet, sur l’unicité des photos, les thèmes à traiter… etc.
Ce projet est plus complexe qu’il n’y parait, car il réclame en plus des photos de rues, une vraie démarche photographique. Je pense poursuivre ce travail sur la base d’un triptyque qui couvre l’atmosphère générale, une scène de rue et un détail plus artistique. Affaire à suivre !

Un sacré concentré de photographes avec des sensibilités différentes que j’ai bien retrouvées dans vos images… Bravo à vous 5. Ps : la photo de Cathy et Pascal côte à côte m’a bien fait rire 😂. Quand je vois ça, je bénis la magie des réseaux…
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Roooôôh.. Le pied ! J’aimerais, ou plutôt j’aurais aimé faire ça un jour (parce que je deviens trop vieille ! 😉 ).. Une sortie « street photo » en groupe.. C’est tellement plus facile et plus sympa aussi ! Bref.. Bravo à tous et à bientôt pour la suite de l’aventure !
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Bonjour Evelyne . Merci pour ton retour. J’espère pouvoir partager d’autres photos plus tard.
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