Me revoilà après quelques semaines d’absence pour vous présenter mon travail 17 de l’Ecole Nicéphore. J’ai eu bien des déboires pour rendre ce devoir que j’ai trouvé difficile techniquement. Il faut dire qu’il porte sur une discipline que je maîtrise mal : le portrait posé.
Le but de ce devoir consistait à produire entre 10 et 15 portraits en plan américain et en mesure spot. La mesure spot ou dite sélective est un mode d’exposition qui prend la mesure de la lumière sur une toute petite partie de votre cadre, ignorant les autres zones de la photo. C’est un mode difficile à maîtriser mais que j’ai trouvé fort utile en photo de concert pour capturer les ambiances intimistes créées par les projecteurs et les ombres.
Un article ici vous explique simplement l’intérêt des différents mode d’exposition.
Exposition correcte
Pour corser l’exercice, il était demandé de prendre des portraits en alternant des fonds blanc et noir et des sujets habillés en blanc ou en noir et d’utiliser toutes les combinaisons possibles de lumière.
Et là… les ennuis ont commencé.
Il m’a fallu plusieurs jours de recherche pour bien comprendre de quoi on parlait. Après plusieurs lectures, et tests avec posemètre à l’appui, j’ai fini par comprendre que certaines conditions de lumière et de couleur (sujets ou arrière-plans) donnaient des rendus très variés et ces situations trompaient la cellule de l’appareil photo. Ici le mode automatique est voué à l’échec. La clef d’une exposition correcte se trouve dans la mesure de la lumière incidente versus réfléchie. Ceci dit, pour cette session, je n’ai pas utilisé mon posemètre. J’ai simplement pris une première photo et j’ai ajusté l’exposition à la prise suivante pour gagner du temps.
Recherche créative
10 portraits en plan américain, c’est un beau challenge créatif pour celui qui ne veut pas faire 10 fois la même photo. J’étais partie avec le projet de grimer mon petit Louis en plusieurs personnages de cirque mais il m’a laissée tomber en cours de route. Ce projet ne l’intéressait pas et après quelques portraits sans grande conviction, il m’a fallu me rendre à l’évidence : il n’ira pas au bout de ce devoir. Je devais me mettre en quête d’un autre modèle.
J’ai sollicité Sylvaine, l’apprentie de mon service qui a déjà eu une expérience en mannequinat à ses heures perdues. Je dois dire que son expérience a fait la différence. Elle a gentiment accepté de poser pour moi. Je me suis ensuite mise à la recherche de portraits que j’aimais bien pour trouver de l’inspiration.
Je suis vite arrivée à l’idée de la photographier avec un accessoire près de son visage et de cacher pour chaque photo un oeil ou les deux, l’idée étant de capturer autre chose d’elle que le regard. Un premier mood-board m’a aidée à réfléchir à des mises en scène que j’ai adaptées au modèle et à mes conditions de prise de vue.


Le shooting
Comme je ne suis pas très douée en portrait, j’ai parcouru les vidéos très bien faites d’un Youtubeur : Chris pour Améliorer ses Photos. Il y distille des conseils très accessibles et j’ai retenu quelques astuces en le regardant diriger ses modèles. J’ai d’ailleurs compris ce qui me stressait tant dans le portrait. J’appréhende le fait d’être en face d’une personne qui me regarde tâtonner et comme j’ai peur qu’elle trouve le temps long, j’ai tendance à vouloir la photographier le plus vite possible. Pour cette session, j’étais plutôt bien préparée et je me suis libérée de cette tension. J’ai pu prendre mon temps et shooter à ma guise.
Le shooting a eu lieu en 2 fois. La première session s’est déroulée avec Sylvaine vêtue de blanc. J’ai essayé différentes lumières et différents arrière-plans. Les arrière-plans qui ont le mieux fonctionné sont des fonds pourpres qui ont l’avantage de ne pas donner de noir trop profond lors du passage en noir et blanc. Une couleur intermédiaire permet d’harmoniser les contrastes. La photo 9 m’a appris que plus le sujet est loin de l’arrière plan, plus c’est facile de le différencier dans le cas où le fond est de même couleur. Les photos 4 et 6 (canette et pomme) ont été prises avec 2 soft box. J’ai eu quelques difficultés à maîtriser ce type d’éclairage.
Pour la deuxième session, Sylvaine était en noir. J’ai bénéficié de conditions de lumière qui m’ont permis de tester des prises de vue très contrastées. Ce ne sont pas forcément les meilleures photos car les traits sont plutôt durs. Techniquement, on se retrouve vite à devoir choisir entre des noirs bouchés ou des blancs crâmés.
La retouche
Pour les fonds noirs, j’ai fait l’acquisition d’un petit kit portatif constitué d’une sorte de tringle à rideau montée sur pied. Bien que cette solution soit pratique et légère à transporter, elle a un inconvénient de taille : le drap fait des plis disgracieux. Il a donc fallu retoucher les fonds noirs pour les densifier et supprimer toute trace disgracieuse de plis.
La photo 1 a été prise sans fond noir. J’ai profité de l’éclat du soleil et d’une grande distance de Sylvaine par rapport au fond. Le mur de l’arrière plan est blanc mais le contraste induit par l’intensité de la lumière sur le visage a permis de l’éluder.
Là encore, j’ai fait pas mal de recherches pour faire mes premiers pas dans la retouche photos sur Photoshop. J’ai parcouru un site très didactique sur le sujet : La Photo au Féminin. Vous y trouverez de nombreux tutos sur les techniques de portrait. Une grande part est dédiée également à la retouche. J’ai découvert les principes magiques de l’outil « Densité + » et celui du « Correcteur magique ».
La série
Que dire de plus ?
Je dirais que je suis particulièrement contente du travail rendu, parce que j’ai investi beaucoup d’énergie dans la recherche du résultat et que ça a fini par payer. Non, les portraits ne sont pas parfaits. J’ai fait un milliard d’erreurs et j’en ai corrigé certaines. J’aurais du repasser la chemise blanche par exemple… les plis gâchent l’esthétique.
J’ai franchi un cap et j’ai une série qui se tient à peu près, avec un fil rouge, une esthétique qui correspond à ce que je souhaitais obtenir. Les poses sont plus naturelles que sur mes premiers travaux. Les compositions ont été pensées avec la lumière et avec les moyens du bord.
Je dirais pour une fois que c’est déjà un bon début.
On sent qu’il y a de la recherche dans cet exercice. Le jeu entre le blanc et le noir est intéressant. Le monochrome est bien maîtrisé. Je suis très exigeant sur mes photographies noir et blanc argentiques et je peux vous dire que le rendu de votre monochrome est très séduisant même bien meilleur que celui de beaucoup de mes confrères. Les textures sont bien mises en valeur. Votre travail est soigné et méticuleux. L’ensemble est très prometteur. Vous avez un bel avenir dans le métier. Faites nous encore profiter de votre talent. A bientôt.
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Merci Fred pour ce commentaire très détaillé . Je vois que vous êtes très productif sur votre blog pour mon plus grand plaisir . Moi je suis un peu en panne avec le confinement. Mon activité professionnelle qui n’est pas la photo est plus intense que jamais !Je suis en train de documenter la vie du confinement vu des yeux de mon fils. C’est un exercice intéressant que de saisir la banalité du quotidien.
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Je suis admirative, moi qui ne suis pas du tout à l’aise avec le portrait.. Quand j’allais au club photo, j’appréhendais ces cours.. Tu t’en es parfaitement sortie ! J’aime tout ! L’éclairage, le noir et blanc, tout ! Et surtout ce style de portrait ! Au club c’était plutôt le style boudoir et je n’aime pas du tout.. Pour résumer, je suis d’accord avec tous les commentaires qui précèdent ! Voila ! Bravo ! Bises !
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Merci Evelyne . Tout comme toi , je ne suis pas fan des ambiances boudoir . Il y tant d’autres voies à la explorer
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Bonjour Emmanuelle
Encore un bel article avec toutes ces explications.
Mes portraits préférées, tous ceux ou Sylvaine est vêtue de blanc.
Mon coup de coeur, celui où elle est caché derrière la porte avec un bouquet de fleur à la main.
Un grand bravo à toi.
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Hello Nadine
Merci pour ton retour . Sur les préférences , avis sont partagés . Les photos blanches dégagent plus de poésie . Les photos avec fonds noirs sont plus techniques .
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Waouhhh, ton challenge était difficile… Beaucoup de contraintes en fait ( la lumière, portrait posé…) mais ton mood-board montre que tu n’es jamais à court d’idées !!!
J’ai apprécié le fait que tu dissimules une partie du visage avec des accessoires : Le regard cherche à voir et se laisse embarquer dans ton image !
J’ai adoré ton clin d’oeil à ton job avec l’éventail des bandelettes odorantes 😍
Quant à ton « oeil » , il est toujours aussi bienveillant car ton modèle semble sereine, épanouie et heureuse 👍
Alors BRAVO! J’espère que ton tuteur de stage aura les mêmes appréciations car tu es vraiment performante !😍
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Merci Brigitte pour ce retour si bienveillant. 😍 Pour la petite histoire – mon formateur a donné un retour sur ce travail au delà de mes espérances puisqu’il m’a attribué la note maximale . Ce n’est pas le plus important mais c’est tjrs agréable de voir son travail bien récompensé.
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Très jolis portraits en Noir & Blanc, j’aime l’utilisation d’objets qui casse le côté froid du portrait
Bonne journée
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Merci Pierre.
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C’est impressionnant. Je n’ai pas tout compris; la technique n’est pas mon fort. Clairement, parmi les membres de groupes facebook que j’ai croisés ces dernières années, tu es celle qui a le plus progressé. L’évolution est évidente. Je trouve que tu t’en sors bien pour les portraits. Je le pensais déjà au vu des tes articles précédents mais je comprends ton point de vue: le•la photographe a tendance à être plus exigeant•e que ses regardeur•ses. Il•elle sait les difficultés qu’il a fallu surmonter, les objectifs atteints et non atteints, ce qu’il faut continuer à travailler pour mieux faire la prochaine fois.
Un très bel article, comme toujours! Merci de nous faire profiter de ton cheminement photographique.
À bientôt.
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Merci Bernard. Je m’attendais à ce que la partie technique ne soit pas claire . Difficile d’expliquer en qqes lignes le contenu d’un chapitre. Les portraits posés c’est un peu comme les natures mortes dans le sens où comme ils sont pris dans des conditions où on accepte pas les fautes techniques . Contrairement à la photo de rue qui est plus spontanée .
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