Mes travaux photos sont à l’arrêt. Je mets cette quarantaine au profit d’activités photographiques en intérieur. Une occasion d’immortaliser ces moments passés dans l’intimité de ma famille s’offre à moi. Mon appareil reste à portée de main et je documente pas à pas, tous les jours, la vie de confinement vue des yeux de Louis
Lorsque je suis allée voir l’exposition Mille un passages de Sally Mann au Jeu de Paume, j’ai été sous le charme de ses photos d’enfants insouciants, presque sauvages. C’est vrai aussi : certaines poses sont ambigües et suscitent le questionnement sur les limites de l’intimité enfantine et aussi sur le regard que nous y posons en tant qu’adultes. Je suis repartie de l’exposition avec l’envie de photographier les miens plus souvent.
Les photos ont été prises avec une chambre photographique grand-format. Cette technique laisse entendre, que la plupart des scènes ont été posées le temps de recueillir l’image sur la plaque de verre. Chaque photo exige un long de temps de pose et demande aux enfants de rester dans la même position plusieurs secondes au risque de faire une photo floue. Il n’y a pas eu de photo sur le vif, pas d’instant décisif. Au contraire, Sally Mann a composé avec la lenteur pour nous livrer des clichés intenses, poétiques, parfois lugubres. Ces photos nous ramènent toujours à notre humble condition humaine face à l’écoulement inexorable du temps.
La démarche de Sally Mann invite au questionnement. Sommes-nous toujours obligés de documenter la vie sur le vif? Faut-il toujours suivre cette injonction à se trouver ici ou là au bon moment? Dans un monde où tout se joue et se déjoue dans l’immédiateté, il fait parfois du bien de s’arrêter et de faire les choses lentement. C’est ce que nous sommes tous appelés à faire pendant ces temps de confinement. Sally Mann a vécu dans une ferme reculée en Virginie. Elle avait pour quotidien les forêts et les rivières derrière sa maison et sa famille qu’elle a mise en scène pendant plusieurs décennies avec talent et poésie, faisant sienne la banalité de son quotidien.
Ces réflexions m’ont servi de point de départ pour me lancer dans l’aventure de la quarantaine. (Je n’aime pas le mot confinement. Il y a quelque chose d’étouffant dedans.). Cette période est propice à la lenteur. Le temps va s’étirer en longueur. Nous allons avoir le temps de renouer avec le quotidien en profondeur.
J’ai pris le parti de photographier principalement Louis avec son accord. Les photos ne sont pas vraiment mises en scène mais elles sont posées. Cela veut dire que lorsque je vois une scène intéressante pour la lumière ou son cadre, je lui demande de ne pas bouger ou voire de recommencer le temps de prendre la photo. Les photos ne sont jamais prises furtivement mais toujours avec l’accord et la complicité de Louis. Nous retravaillons de temps en temps une scène ensemble. La vérité est légèrement arrangée et en même temps, tout ce que je photographie fait partie d’un vécu en famille. Nous sommes sur une échelle de temps qui s’étire plus que dans l’instant.
J’essaie de faire mes prises de vue dans la mesure du possible à hauteur des yeux de Louis en me mettant légèrement en retrait pour le laisser évoluer dans le cadre. J’essaie de zoomer sur des détails pour suggérer plus que montrer. Je travaille beaucoup avec les flous d’arrière plan. Les photos ne sont pas encore toutes cohérentes entre elles. Mais il y aura une étape 2 sur la partie éditing, une étape que j’ai bien du mal à faire.
Voila le résultat de la première semaine. Je ne sais pas si j’irai au bout de ce travail. En publier une version intermédiaire me pousse à continuer et à recentrer mon travail sur son fil rouge.
Très belle série! Pleine de rêveries! Le noir et blanc lui sied parfaitement! Hâte de voir la suite.
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Bonjour Émilie. Merci pour ton commentaire 💕 Espérons que j’aurais toujours du grain à moudre sur cette série
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Tout dépend de combien de temps ton fils sera d’accord de jouer le jeu! Bon courage en cette période et bonne journée!
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Cette série est très intéressante, ton fils est sympa de participer et de s’impliquer dans cette démarche…Toutes ces contraintes vont te faire évoluer (encore plus) vers du plus créatif pour éviter la monotonie et les redites…Je suis impatiente de découvrir la suite à la fois dans le texte et au niveau photographique…
Prenez soin de vous 🙂
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Merci Brigitte ! Voyons pu cela me mène !
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J’sais pas quoi dire, sauf que j’aime beaucoup et que je vais me régaler à te suivre sur ce projet. J’aime beaucoup cette série de photos.. Rooooô.. comme j’aimerais avoir ton oeil ! (et ta plume 😉). Va falloir aussi que je trouve de quoi photographier pendant cette période sans sorties.. Sinon mon apn va rouiller ! 😂 En attendant, j’ai commencé un journal.. basique… sur mon blog perso.. ça m’occupe ! Bises !
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Merci Evelyne. Je crois qu’´ALJ a fait un livre justement sur comment photographier son quotidien avec certains défis . Tenir ton blog est déjà un bon debut
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Va pour quarantaine au lieu de confinement ou distanciation sociale, même si ce n’est pas la même chose (la quarantaine est une période imposée à des personnes suspectes pour s’assurer qu’elles ne sont pas contaminantes). Pour le virus du moment, elle est de quatorze jours.
Cela dit, votre projet est intéressant et difficile. Documenter la vie, ou en l’occurrence une période très particulière de notre existence, est de toutes façons passionnant et permet de réfléchir à l’instant présent, à le voir autrement et à en garder trace pour l’avenir. Bon courage pour cette entreprise, que je suivrai avec intérêt.
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Merci Bernard. Oui le projet est difficile. Voyons où il va m’emmener
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Bonsoir Emmanuelle
Une idée sympa que cette aventure de la quarantaine.
Bonne continuation et hâte de voir la suite.
Je te souhaite d’aller jusqu’au bout de ce travail.
Sympa à Louis d’accepter cette aventure avec toi.
Bonne soirée
Nadine
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Merci Nadine. L’exercice n’est pas facile ! 🤓
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Une beau projet sur le long terme mais difficile. Le plus dur sera de ne pas vous répéter. En complément de la première image, la même vue mais avec une grande ouverture du diaphragme et une mise au point sur l’extérieur ( l’arrière-plan en plan plus large ) aurait traduit l’idée de l’évasion de l’esprit ( à cause de la quarantaine ). Bonne continuation.
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Oui il va être dur à mener mais la contrainte doit normalement aider à la créativité . Bonne idée sur la même vue en plan plus large
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Coucou Estampette
Intéressante cette série photos sur ton fils en noir et blanc, avec une multitudes de détails le concernant ( mains, pieds, visage , expressions)
Je suis d’ailleurs à ce propos entrain de lire un livre photographique sur les séries mais plus concentré sur les séries graphiques et urbaines
Bonne fin de semaine et au plaisir de te revoir sur ton blog
Corinne
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Bonjour Corinne – il me semble connaître ce livre. L’auteur explique comment monter sur une série dans des couloirs de parking . Merci pour ton retour .
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Je ne sais pas car j’en suis qu’au milieu
C’est » Serial Photographer « d’Eric Forey
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Oui je connais ! C’est ce dont je parlais !
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